I Dominer
Rappels fondamentaux
Pour maîtriser et canaliser son chien, il est primordial de le dominer. Cela ne veut pas dire être plus fort que lui, d’ailleurs, dans les meutes de chiens sauvages il arrive qu’un petit chien domine des molosses. Cela tient plus de la force de caractère et de l’intelligence. Pour dominer un chien, il faut contrôler ce qui est vital (cf. Le manuel sur l’éducation pour les précisions sur les points ci-dessous):
- La nourriture.
Un chien doit toujours manger après ses maitres et ne jamais s’approcher de leur nourriture. Il doit manger seul, en moins de 5 minutes. Il ne doit pas recevoir de nourriture de la main de ses maîtres
- Le territoire.
Un chien ne doit pas avoir accès aux endroits en hauteur (lit, canapé..) en présence de ses maîtres. Ces derniers doivent l’ignorer lorsqu’ils entrent à la maison et qu’ils en partent. Il ne faut pas non plus l’enjamber quand il est couché sur un lieu de passage. Il doit se pousser pour laisser passer ses maîtres.
- Les contacts.
Les maîtres ne doivent jamais répondre aux demandes de leurs chiens, que ce soit pour des caresses ou du jeu. Ils peuvent cependant en avoir l’initiative aussi souvent qu’ils le désirent. Un chien ne doit pas venir se coller à ses maîtres s’ils ne l’ont pas appeler et il ne doit pas mettre une partie de son corps sur une des leurs : se coucher sur les pieds, poser sa patte ou sa tête sur les genoux par exemple. Un chien ne doit pas chevaucher ses congénères.
- La sexualité.
Un chien ne doit pas s’interposer entre un homme et une femme qui sont très proches. Par exemple il ne doit pas s’approcher quand un homme et une femme de la famille sont dans les bras l’un de l’autre ou assis à côté sur le canapé. A l’extérieur un mâle ne doit pas chevaucher les femelles, ni les renifler avec insistance.
- Les déplacements.
En promenade ce sont les maîtres qui décident des directions à prendre. Lorsque les maitres d’un chien qui se sont arrêtés pour le laisser jouer veulent continuer la promenade, ils doivent avancer en signalant leur départ au chien qui finira par les rejoindre.
Laisser un chien dominer c’est lui donner la charge de gérer tout ce qui est vital chez son maître. Un des moyens que le chien a en sa possession pour le faire, et dont il se servira, est l’agressivité. Dominer son chien, c’est le décharger de la gestion du groupe donc cela fait chuter considérablement les risques d’agression qui deviennent alors quasiment nuls pour la famille. Les morsures pour dominer ne surviendront qu’à partir du moment où le chien tentera de s’affirmer.
La force physique reste un outil. Dans certaines situations, elle sert à signifier et à confirmer un statut de dominant. Lorsqu’un chien engage un duel physique, en pinçant la main par exemple, il est impératif d’y répondre. Faute de quoi on se laisse dominer, et cela encourage le chien à utiliser l’agressivité lors d’un conflit ultérieur.
S’il essaie de mordre ou de pincer, il faut le dominer physiquement en obtenant de lui qu’il s’immobilisant les quatre pattes en l’air. Le chien engage un duel physique qu’il est préférable de gagner. Dans le cas contraire, le chien en a conscience et c’est un obstacle majeur pour un total contrôle du chien.

Les changements de statuts.
En règle générale, les tentatives de prise de pouvoir d’un chien qui a toujours été soumis à ses maîtres ne posent pas de problème si le chien est instantanément remis à sa place. Ce qui pose plus de problème, c’est de vouloir s’affirmer face à un chien qui a toujours dominé et que l’on veut soumettre à l’âge adulte. C’est difficile si l’animal à beaucoup de tempérament et cela peu devenir périlleux quand il a plus de force physique que la personne qui lui fait face.
Exemple:
La maîtresse de Jason, un Golden Retriever, a du se séparer de son chien quand il a eu deux ans. Ce chien l’avait déjà mordu deux fois lorsqu’elle tentait d’entrer dans sa cuisine alors qu’un plat cuisait. Dans ce cas, Jason avait conscience de sa supériorité physique et psychologique, sa maîtresse en avait peur et celle-ci est devenue incontrôlable. Malheureusement, elle n’a pas su imposer les règles hiérarchiques.
Quand la famille entière domine le chien, les risques de morsures deviennent extrêmement limités pour les membres qui la composent. Mais cela ne retire en rien son instinct de garde, de prédation, ses réactions agressives en cas de peur et la volonté du chien de vouloir s’affirmer en dehors du cercle familial. Cependant, pour une partie des chiens cette tendance à vouloir dominer peut diminuer lorsqu’on leur retire du pouvoir à la maison. Pour maîtriser son chien vis-à-vis des agressions dirigées vers l’extérieure une excellente obéissance est primordiale. Elle ne peut s’acquérir sans une domination de celui-ci. Logiquement, quand un chien domine, il est parfaitement incohérent pour lui de devoir obéir.
II Le faire obéir
L’obéissance est nécessaire pour prévenir l’agressivité tournée vers les personnes extérieures à la famille. Dominer un chien est nécessaire, mais pas suffisant, car cela ne lui enlève pas ses instincts de prédation ou de garde par exemple.
A ) A la maison
Pour empêcher un chien de défendre son territoire, il est impératif de lui apprendre à aller à sa place et surtout à y rester. Il est aussi possible de lui demander de se coucher, cependant, il ne perçoit pas ces ordres de la même manière. Quand on demande à un chien de se « coucher », on lui demande d’adopter une position, lorsqu’on lui demande d’aller à sa place, on limite ses déplacements.

Il est donc important de demander à un chien d’aller à sa place quand des personnes arrivent à la maison ou qu’elles en partent. Ne pas le laisser accueillir des arrivants, c’est le décharger de devoir décider qui peut entrer ou non. Une fois que les visiteurs sont entrés, le chien peut alors aller les voir. Mais si ce dernier montre des signes d’agressivité, il doit rester à sa place quand des inconnus vont et viennent dans différents endroits de la maison. En présence de visiteurs, il est également important de ne pas laisser un chien s’installer sur les lieux de passage. Il faut alors systématiquement le renvoyer à sa place.
B ) A l’extérieur
En promenade, il n’est pas rare de voir des chiens courir après les joggeurs, les rollers, après tout ce qui se déplace à vive allure. Généralement, c’est l’instinct de prédation qui déclenche ce comportement. Lorsqu’un chien par à la poursuite de ce qui représente une proie pour lui, deux solutions permettent de l’arrêter :
- Le rappel : il doit être parfaitement exécuté. Un rappel mal acquis n’est pas suffisant pour arrêter un chien qui commence une course déclenchée par un instinct (de chasse, de garde, de prédation…)
- Rendre désagréable la course après une proie. Il s’agit de repérer les moments oule chien va se mettre à partir après sa proie (joggeur, chat, roller…) et se tenir prêt jeter quelque chose sur lui (l’asperger avec de l’eau par exemple), ou à côté de lui(une boite métallique remplie de pièces, un trousseau de clé…). Il faut anticiper le départ du chien pour pouvoir le lui lancer dès qu’il se met à courir. Il ne faut pas le prévenir, ni lui demander de rester à côté, il doit uniquement faire l’association : « je pars après une proie, il m’arrive quelque chose de désagréable ». C’est le seul moyen de lui couper systématiquement l’envie de s’élancer.

L’obéissance sert également à rappeler l’animal lors des interactions tendues avec ses congénères. Lorsque deux chiens se tournent autour et qu’ils entrent dans un rapport de force, le rappel permet de mettre fin à ce conflit naissant et permet d’éviter une bagarre. Il n’est pas évident de faire obéir un chien dans toutes ces situations. Pour obtenir ce niveau d’obéissance il doit être soumis, et cela passe par le respect des règles de vie à la maison. Il ne faut pas oublier que le niveau d’écoute d’un chien dépend de son statut vis-à-vis de la personne qui lui donne un ordre.
C ) Maitriser les interactions avec l’entourage
1 ) Entrer en contact avec un chien
- Comment approcher un chien ?
Lorsqu’on domine un chien, on peut entrer en contact avec lui de n’importe quelle manière. A l’inverse, lorsque celui-ci n’est pas dominé, il faut toujours l’appeler lorsqu’on souhaite le caresser. Il viendra au contact s’il en a envie et dans le cas contraire, il faut le laisser tranquille. Il doit être caressé sous la gueule ou sur les flancs. Face à un chien inconnu, il est préférable d’adopter l’attitude la plus neutre possible avant de percevoir s’il est plutôt dans une attitude amicale ou non. Dans ce cas, l’ignorer est la meilleure solution pour ne pas risquer de se faire mordre.
- A ne pas faire
Si l’on ne connaît pas un chien, ou si on ne le domine pas, il ne faut jamais initier un contact physique avec lui sans l’avoir appelé et ne jamais aller voir un chien couché. Il ne faut pas enlacer un chien, ni mettre sa tête sur la sienne. Lorsqu’un chien est couché, on l’approche en étant plus haut que lui ce qui peut être perçu comme une posture de domination. Il ne faut pas poser la main sur la tête, sur l’encolure ou sur le dos, car ce sont des gestes de domination.
La plupart des chiens associent souvent le contact humain aux caresses et cela diminue sensiblement les risques de morsures (bien qu’elles soient réelles) quand vous caressez les parties hautes d’un chien susceptible de vouloir dominer. Il ne faut pas laisser un chien se mettre au milieu d’un groupe, de personne ou de chien, car cette position centrale lui donnera le pouvoir de gérer les interactions entre individus.
Les personnes étrangères au chien ne doivent pas entrer en contact avec lui de façon brutale. Un chien n’est pas une peluche et ne dois pas être contraint à un contact qu’il ne souhaite pas. Dans le cas contraire cela évitera qu’il se serve de l’agressivité pour refuser. Même si une large majorité de chiens acceptent sans difficultés les interactions humaines spontanées, n’oublions pas les centaines de milliers de morsures annuelles en France. Il est donc préférable d’être trop prudent que pas assez.
Il est fortement déconseillé de laisser un chien, sans surveillance, avec des personnes quine le connaissent pas. S’il se trouve parmi l’entourage proche, il est bon de rappeler certaines règles élémentaires, même quand on pense avoir le plus doux des chiens. Par exemple, il ne faut pas retirer un os ou un jouet de sa gueule, ne pas le déranger lorsqu’il mange ou se repose. Il faut toujours l’appeler pour le caresser, ne pas aller voir un chien blessé ou affaibli. Il ne faut pas l’enjamber ni le saisir, ne pas laisser un chien venir se mêler de jeux qui miment des poursuites et des bagarres.
Quand des visiteurs viennent à la maison il faut empêcher un chien d’aller les accueillir à la porte.
2 ) Les enfants
Il ne faut jamais laisser un chien seul avec des enfants. N’oublions pas que selon une étude canadienne, dans 71,2 % des cas de morsures de chiens dirigées vers l’enfant, le chien agresseur est connu de celui-ci et vit dans son environnement proche *. Un enfant ne doit jamais s’appuyer sur un chien, ne doit pas se coucher sur lui et ne doit pas l’enlacer. Il faut également apprendre aux enfants qu’il faut laisser tranquille un chien qui est couché ou qui dort.
3 ) Les chiens peureux
Une règle très importante à respecter avec un chien peureux est qu’il ne doit jamais se sentir acculé sans possibilité de fuir. S’il se retrouve dans cette situation, il va agresser et nous avons vu que lorsqu’un chien peureux mord, il ne contrôle plus la pression exercée par sa mâchoire.
* Étude sur les morsures de chien, Bulletin du SCHIRPT n°11. Système Canadien Hospitalier d'Information et de Recherche en Prévention des Traumatismes.
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