Module "Les problèmes de comportement"
Ecrit par
Stephan Mairesse
Publié Le
May 27, 2025

L’évolution d’un chien peureux n’est jamais prévisible. Certains ne semblent pas progresser pendant des mois, puis changer complètement de comportement, d’autres progressent pas à pas alors que certains alternent progression et régression.

Pour faire évoluer un chien peureux et pour pouvoir le maîtriser, il faut combiner deux choses : la domination et une très bonne obéissance.

I Le dominer

Les chiens calquent leurs attitudes sur celles du leader.
Lorsqu’un chien à peur, s’il domine ses maîtres, il voudra fuir ou se cacher et sera seul face à ses peurs qu’il ne voudra pas affronter. Si un chien est dominé, il prendra en compte l’attitude de ses maîtres qui pourront l’aider en ne prêtant pas attention à l’objet de la peur de leur chien.
Il est également primordial de dominer son chien pour s’en faire obéir. Lorsqu’il a peur, l’acceptation des ordres de son maître nécessite une soumission sans équivoque.

Rappel :
Pour dominer un chien il faut contrôler :

  • la nourriture
  • le territoire
  • les contacts
  • la sexualité
  • les déplacements

Important : indépendamment du lien hiérarchique qui existe entre un chien et son maître, lorsqu’un chien a peur, il faut ignorer son comportement et rester le plus neutre possible. Le rassurer c’est lui confirmer que quelque chose se passe, qu’il fait bien d’être vigilant et d’être aux aguets. Le caresser peut-être perçu comme un encouragement vis-à-vis de sa réaction. Si un chien sent son maître appréhender des situations, il va renforcer ses peurs.

II Le faire obéir

C’est par l’obéissance que l’on va pouvoir apprendre à votre chien à canaliser ses peurs. Elle est nécessaire pour canaliser et contrôler un chien. C’est aussi grâce à l’obéissance que le chien pourra apprendre à canaliser ses peurs, pour les atténuer ou qu’elles disparaissent.
L’obéissance doit être vraiment bien maîtrisée car lorsqu’un chien a peur, il est difficile pour lui d’être réceptif.


A ) Apprendre à rester en place

Un chien doit impérativement apprendre à ne pas bouger et à rester en place lorsque son maître lui donne un ordre. C’est uniquement le signal de son maître qui doit lui permettre de quitter la commande.

Rappel :


Les 5 étapes lorsqu’on donne un ordre sont :

  • L’ordre : il doit être donné une seule fois et ne jamais être répété.
  • L’encouragement : c’est une incitation à obéir, donnée sur un ton joyeux, jusqu’à ce que le chien fasse ce qui lui est demandé.
  • La félicitation : dès que le chien obéit, le féliciter très chaleureusement. A ce stade, si le chien désobéit, il ne faut jamais lui redonner l’ordre mais l’encourager de nouveau à reprendre la position tout en lui faisant des secousses à l’aide de la laisse.
  • Les caresses : à donner lorsque le chien est resté en place
  • La libération : le mot de fin, par exemple « c’est fini », « c’est bon » ou « va jouer » signifie que le chien peut désormais faire ce qu’il veut et s’il reste en place libre à lui.
    Pour plus de précisions, reportez-vous au manuel d’éducation »


B ) Comment utiliser l’obéissance

L’apprentissage de l’obéissance doit tout d’abord débuter dans un endroit très calme. Dans un parc où il y a très peu de passage par exemple. Il serait trop difficile pour le chien, mais aussi pour les maîtres, d’apprendre à l’animal à obéir lorsque ce dernier est dans un état de stress avec beaucoup de stimulations dans son environnement (cris d’enfants, bruits de la circulation, foule…).
Une fois que le chien reste correctement en place dans un endroit calme, il faut maintenant le confronter à un endroit plus riche en stimulations et doit y obéir. Le but est que le chien comprenne que lorsque son maître lui impose de rester en place, ce qui lui fait peur n’est pas un réel danger.


Lorsque le chien est soumis à un ordre et qu’il veut bouger parce qu’il a peur, il aura des secousses (puisqu’il désobéit) et va finir par constater que les secousses sont plus désagréables que l’objet de sa peur et finira par ne plus bouger et ainsi apprivoiser ses peurs.


Les ordres qu’il va falloir utiliser :

  • Couché : pour canaliser le chien lorsque ses maîtres sont arrêtés et pour l’habituer à certaines stimulations.
  • La marche au pied : lorsque le chien se promène et qu’il faut le canaliser. Cet ordre sert à obliger l’animal à se concentrer sur ses maîtres et se détourner de l’objet de sa peur.
  • Le rappel : lorsque le chien est détaché, pour le récupérer s’il veut s’enfuir.

En pratique : si il a peur d’une chose fixe (poubelle sur le trottoir, grille au sol, zone de travaux), il faut lui demander de marcher au pied et passer le plus près possible de la source de sa peur. Dès qu’il se braque, il faut s’éloigner, puis revenir et passer légèrement plus loin de la zone ou il n’a plus été possible pour lui d’avancer. Il faut repérer la distance ou il a pu se contrôler, et suivre correctement, et passer un peu plus près. Puis de plus en plus près a chaque fois.

A noter :


Quand un chien accepte d’obéir, il ne faut pas le féliciter au moment où il est apeuré. Le chien peut penser être félicité parce qu’il a peur et non parce qu’il accepte d’avancer.

Dès que le chien acceptera de passer juste à côté de la source de sa peur, il faut lui demander de se coucher devant. S’il est trop paniqué pour cela, il faut reculer puis lui redonner la commande « coucher » un peu plus loin, et se rapprocher progressivement jusqu’à ce qu’il arrive à rester immobile face à l’objet et que ses maîtres touchent ce qui lui fait peur.
Lorsqu’un chien a peur de quelque chose de mobile (poussette, camion de ramassage des poubelles, enfants), il faut lui demander de se coucher dès qu’il repère ce qui lui fait peur. Si il s’agit d’un camion par exemple, il faut demander au chien de se coucher à quelques mètres du trottoir et quand il accepte de rester en place, le rapprocher de plus en plus près de la route et il doit rester en place. Quand le chien sera couché, il faut que les maîtres soient le plus indifférents possible et ignorent complètement ce qui fait peur à leur chien.
Si un chien à peur de tout ce qui l’entoure, il ne doit pas être libre. Il doit marcher au pied quand ses maîtres avancent et se coucher lorsqu’ils s’arrêtent. C’est le seul moyen de le canaliser.

Dans la très grande majorité les chiens qui apprivoisent leurs peurs continuent d’évoluer et ceux qui n’évoluent pas dans le temps, stagnent. Cependant certains contre exemples m’ont appris à ne jamais faire entrer les chiens dans des cases. Il y a des « types de chien », mais seul le temps permet de poser un constat, mais celui-ci n’est jamais définitif.
Il existe des chiens qui du jour au lendemain, après avoir montré aucun signe de progression évoluent de façon étonnante en n’étant plus paniqués dans certaines situations. Pourtant, ils avaient été élevés pendant plusieurs mois dans un cadre de référence pauvre en stimulations.

Exemple:


Beluga est une chienne qui est restée dans un box, au sein de son élevage, jusqu’à l’âge de 6 mois. Dès son arrivée chez ses maîtres, ils l’ont amené souvent en centre ville pour qu’elle s’y adapte au mieux. Elle bavait beaucoup, rampait quasiment au sol, elle avait beaucoup de mal à avancer. Après plusieurs semaines, voyant qu’elle n’évoluait pas, ses maîtres ont décidé de la laisser chez eux, dans son cadre de vie, à la campagne. Si elle n’était pas à l’aise dans la foule et le bruit, alors elle resterait au calme. Quelques mois plus tard, ses maîtres se sont proposés pour faire participer Beluga à un documentaire sur les chiens peureux. Elle devait être filmée en ville pour montrer comment se comporte un chien peureux. Le jour du tournage, surprise, Beluga était plutôt à l’aise, elle ne bavait plus, n’avait plus la queue basse et elle avançait normalement. En théorie, Beluga aurait dû rester habiter dans un endroit calme, elle est sortie de son élevage à 6 mois, les tentatives répétées pour l’habituer à un nouvel environnement n’avaient pas porté leurs fruits. Et pourtant du jour au lendemain, même après une longue interruption de sollicitations urbaines, elle n’était quasiment plus peureuse dans un environnement citadin.


III Avec les enfants

Un certain nombre de chien ont peur des enfants. Cette peur est particulièrement ancrée chez eux lorsqu’ils ont eu des contacts tardifs, après la période d’imprégnation et de socialisation, et que ces contacts n’ont pas été agréables ou difficiles. Les très jeunes enfants, en particulier, qui n’ont pas des gestes synchronisés, peuvent crier et s’agiter facilement. Lorsqu’un chiot n’y a pas été habitué lors de ces premières semaines, ces attitudes ont tendance à l’effrayer car elles sont nouvelles et différentes, de celles des humains qu’il connaît.

Lorsqu’un chiot a pris peur lors des premiers contacts avec les enfants, il faut que ses maîtres soient patients avec lui car il va falloir changer l’association qui a été construite, lui : enfant = peur. Pour cela, il faut demander la participation des enfants particulièrement calmes et dans l’idéal, celle également d’un autre chien qui apprécie les enfants. Ce dernier servira d’exemple et montrera au chien qui a peur qu’un de ses congénères n’est pas effrayé et va même solliciter les contacts. Cette technique est très efficace.

Qu’un autre chien soit présent ou pas, les maîtres doivent demander au chien de s’asseoir et demander à l’enfant de s’approcher doucement et tranquillement, jusqu’à venir juste à coté du chien. L’enfant doit rester à côté, parler avec le maître, puis repartir. Il faut répéter cette opération un certain nombre de fois, jusqu’à ce que le chien n’appréhende plus l’approche de l’enfant. Une fois cette appréhension dissipée, il va falloir habituer le chien au contact et pour cela il doit être libre. Si le chien était empêché de bouger et qu’il avait subitement peur il pourrait mordre violemment car il ne contrôlerait plus la force de sa morsure (cf : morsure inhibée). L’enfant doit donc continuer de s’approcher du chien calmement, et essayer de le caresser en approchant doucement sa main. Les tentatives doivent être répétées jusqu’à ce que l’animal accepte le contact physique. Si il est difficile pour celui-ci de se laisser toucher, il faut alterner les tentatives de caresses avec des jeux : l’enfant peut par exemple lancer le jouet favori du chien.

Lorsque le travail est réussi avec un enfant, il faut le réitérer avec d’autres. Jusqu’à ce que le chien dissocie enfant et peur, et qu’il comprenne que même les contacts avec d’autres ne présentent pas de dangers et peuvent être agréables.

Télécharger le Devoir

Notre Newsletter

Ne manquez pas une seule astuce

Recevez nos derniers articles et mises à jour directement dans votre boîte de réception.

Thank you for signing up!
Oops! Something went wrong while submitting the form.

En vous inscrivant, vous acceptez nosCGV & CGU

Retour Aux Modules de Formation