I L’origine de l’anxiété de séparation : le détachement
Peu après sa naissance et pendant les premières semaines de sa vie, un chiot va recevoir un certain nombre d’apprentissages fondamentaux. Ils sont nécessaires pour l’évolution propre d’un individu et une bonne insertion au sein d’une meute.
L’apprentissage du détachement est primordial. Il permet à un chiot de devenir un adulte équilibré pouvant avoir des rapports sociaux normaux avec ses congénères et permet qu’il puisse rester seul, sereinement, en l’absence de ses maîtres Lorsque les chiots atteignent l’âge de 3 ou 4 semaines, le comportement maternel commence à se modifier : la mère allaite principalement debout et réduit le temps des tétées. Elle quitte de plus en plus souvent ses chiots qu’elle commence à repousser. C’est le début du sevrage alimentaire mais aussi du détachement, qui se terminera un peu avant la puberté.
Les différentes étapes du détachement :
- Les tétés sont écourtées.
- La mère n’accepte plus que ses chiots se collent en paquet contre elle.
- Les chiots sont repoussés du lieu de couchage.
- Les chiots ne peuvent plus s’approcher de leur mère qui commence à les repousser de façon plus virulente.
« Sur le plan fonctionnel, le détachement a une autre fonction : (…) il permet de développer l’expression de toutes les conduites sociales adultes et du comportement sexuel dans toutes ses composantes : chevauchement pour le mâle, acceptation du chevauchement pour la femelle. Il n’existe pas une seule mère qui garde ses chiots dans un état d’attachement, et lorsque le chien vit avec ses congénères, le risque que le détachement ne se fasse pas est quasi nul (…) Il est à cet égard intéressant de noter que, statistiquement, les chiens de grande taille restent moins en état d’attachement primaire pour des raisons évidentes : le chien qui reste en état d’attachement primaire va constamment chercher la proximité physique avec l’être d’attachement, mais si vous avez un chien qui pèse 50 kg, vous allez très rapidement lui apprendre à ne pas monter sur vos genoux ». (« L’Homme et le chien »,Patrick Pageat, éditions Odile Jacob)
La plupart des chiots quittent l’élevage à l’âge de 8/10 semaines. C’est un âge ou ils ont encore besoin d’un être d’attachement. Ce lien qu’ils avaient avec leur mère se reporte sur un membre de la famille : celle qui passe le plus de temps avec le chiot dès son arrivée. Mais lorsque ce nouvel être d’attachement ne respecte pas l’évolution naturelle du chiot, en instaurant le détachement, ce dernier restera dépendant et ne supportera pas l’éloignement.
II Les différentes formes d’anxiété
Dès que le maître s’absente, les chiens manifestent leur mal être immédiatement. Ce n’est pas le temps de l’absence qui est problématique, mais l’éloignement en soi. Même une séparation de quelques minutes, le temps d’aller chercher le courrier par exemple, est problématique.
L’anxiété de séparation peut se manifester de plusieurs façons.
A Le chien qui reste seul
- Les destructions: Le chien peut s’attaquer au mobilier, au mur, à des objets, des vêtements, saccager la voiture... Tout ce qui lui passe sous la gueule. Le chiot peut également s’attaquer à tout ce qui porte l’odeur de l’être d’attachement, comme les vêtements par exemple.
- Les souillures: Le chien fait généralement ses besoins, urine et selles (souvent des diarrhées), dans pratiquement toute la maison.
- Les vocalises: Le chien peut aboyer, couiner, hurler. Il peut émettre plusieurs de ces son set cela peut durer toute une journée, occasionnant ainsi des problèmes de voisinage.
- La salivation: Certains chiens peuvent saliver énormément. Lorsqu’un chien est dans un état de stress et d’anxiété, il halète beaucoup et se met ainsi à rejeter de la salive.
- L’auto-mutilation: Certains chiens peuvent se lécher et se mordiller des parties de leur corps jusqu’à s’infliger des blessures.

B En société
- Avec ses maîtres.
Le chien ne supporte pas d’être tenu à l’écart, surtout visuellement, particulièrement avec l’être d’attachement. Certains maîtres doivent par exemple garder la porte des toilettes ouverte. Une partie des chiens pourront se tenir calme en présence de la personne d’attachement alors que d’autres seront dans une recherche d’attention constante. Certains chiens ne supportent pas que leur maître téléphone, qu’il lise… Dès qu’ils ne sont plus l’objet de toute l’attention, ils font tout leur possible pour que l’on s’adresse à eux, quitte à faire une bêtise pour laquelle ils savent qu’ils seront sanctionnés. Dans les cas les plus graves, un chien peut avoir besoin d’un contact physique constant.
- Avec ses congénères
Un chien qui n’a pas été détaché de sa mère/de son maître souffre d’une sorte« d’infantilisme social » : il n’est pas capable d’émettre des signaux de menace, ni d’être en rivalité avec un congénère. Ce type de chien peut uniquement émettre des signaux d’apaisement, de soumission ou inciter à jouer. Si certains chiens montrent des signes cliniques d’excitation face à une femelle en chaleurs, ils sont incapables de la chevaucher. D’autres individus ne semblent absolument pas remarquer l’état de la chienne.
.png)